O – Olivier Marguerit
Des années durant, Olivier Marguerit fut considéré comme le meilleur sideman de la pop à Paris, celui qui – de Syd Matters à Mina Tindle – mettait les autres en valeur. Et puis un jour Olivier a décidé de se mettre au centre.
La planète dessinée par Olivier est une planète vallonnée, faite de viaducs stylistiques, de jungles harmoniques, mais, surtout, de rivières. Car chez O, évidemment, il y a de l’eau. Cette fascination pour la chose aquatique, l’auditeur la retrouve sur ce premier long format. Comme chez d’autres très grands architectes (Ravel, Arthur Russell, Roedelius), la musique est ici conçue comme un matériau fluide qui coule de source malgré sa grande complexité.
Libre, érudite, physique, dépourvue de tout calcul et de toute pudeur, la pop scintillante de O rappelle que les héros musicaux de Daniel Balavoine s’appelaient David Byrne et Peter Gabriel. Elle est la preuve euphorique que la plus grande des évidences est souvent le fruit de la plus grande des sophistications. Et qu’on ne crée vraiment d’œuvre digne de ce nom qu’en piétinant avidement les frontières du « cool » et du bon goût.