Fils Cara
Avec son deuxième EP, « Fictions », Fils Cara élargit l’horizon d’un paysage intérieur construit au plus près des mots. Il développe et précise avec son style à lui, unique, un univers poétique nourri par son parcours et ses origines. La Sicile de ses grands-parents. Saint-Étienne. Le monde ouvrier. L’usine. L’école d’art en parallèle. La lecture, aussi. L’écriture. L’arrivée à Paris. Et puis sa mère Carmela. Diminutif ? Cara. C’est comme une bonne étoile sur ce projet.
Dernière signature du label défricheur microqlima (L’Impératrice, Pépite, Isaac Delusion), Fils Cara invente un langage qui lui est propre. Il est allé chercher dans la syntaxe du rock anglais, de la chanson française et du rap américain de quoi articuler un alphabet nouveau, instinctif, qui dit l’époque autant que le personnage. « C’est nous qu’on sait pas écrire / Mais qu’on fait des autographes », s’amuse-t-il dans le titre New York Times. Cet alphabet dit aussi le besoin de collectif et d’un certain entourage, dont son propre frère, Francis, qu’on retrouve au piano. Une affaire de famille encore une fois.
« Fictions » fait suite à « Volume », un premier disque dans lequel Fils Cara faisait les présentations, en partie du moins. Le ton était rap et l’écriture automatique, dans la pure tradition des surréalistes. C’était une bulle, « Fictions » en est une autre. Dedans, Fils Cara s’éloigne des gimmicks de la trap et de l’autotune pour explorer une veine tantôt UK garage, tantôt chanson française rive gauche. Dans un cas comme dans l’autre, on retrouve à chaque fois ce piano irradiant, comme un soleil d’été, dont la lumière devient la signature particulière du disque.