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MARTIN LUMINET

« Ça fait quoi d’être un garçon à qui on demande d’être bien sage ? / Sage comme un orage, sage comme un naufrage / Mais qui sera sage comme un carnage (…) Tas mis 30 ans à faire tomber larmure / Tas fait le plus long, il te reste le plus dur… ». Paroles batailleuses, paroles dirigées, paroles libérées. Celles de Garçon, morceau charnière, presque de délivrance. Essentiel dans la trajectoire de Martin Luminet, marquant son ancrage au sein d’un salvateur processus de déconstruction.  Ainsi s’enclenche son échappée qui épouse des contours ordonnés par l’urgence. Une brèche s’est ouverte avec cette chanson écrite-là : elle souligne l’émergence d’un autre horizon et éclaire une nouvelle grille de lecture, une connexion intérieure où tout semble être possible, à commencer par la définition d’un champ d’expression libre inhérent à un souci de vérité. Martin Luminet ne sera pas ce garçon qui suivra les injonctions familiales, il ne sera pas non plus ce garçon qui s’acharnera à poursuivre ses études de sciences politiques. Ne pas compter sur lui pour subir la traversée de son existence.
À l’écoute des cinq titres de son EP Monstre, sorti à la fin du printemps 2021, la sensation d’un saut en chute libre, de secousses viscérales, de failles assumées, de mots braconnés à l’état brut. Regard à la fois clinique, empathique, implacable à l’égard de lui-même. Une lucidité couperet doublée d’un bel équilibre entre spoken word fiévreux à froid, production généreuse à la fois souple et sous tension et refrains épiques. Sensible, sans un gramme de sensiblerie et d’apitoiement, traversé par l’impudeur consolatrice de Barbara, la colère saine d’Odezenne, la conscience tranchante du rappeur Youssoupha.

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