Emily Loizeau
C’est l’histoire d’une rockeuse qui n’avait encore jamais enregistré d’album rock. C’est l’histoire d’une chanteuse (à moitié) anglaise de pop qui n’avait encore jamais enregistré d’album en Angleterre. “C’est quand même fou, s’étonne Emily Loizeau. C’est un rêve que je nourrissais depuis toujours. Mais j’attendais le bon moment, les chansons justes : je trouverais ridicule d’enregistrer en Angleterre juste pour faire joli sur la bio.” C’est l’histoire de Icare, cinquième album studio de la Franco-Anglaise. Et elle est riche en premières fois, en nouveaux défis, en rencontres inédites, en méthodes assouplies. Comme, par exemple, de sortir cet album en totale indépendance, sans conseils à suivre, d’avis à prendre en compte, en confiant juste la distribution à [Pias]. Comme, par exemple, de choisir en gage de liberté, la production d’un Anglais, John Parish, dont les états de services, voire de sévices, font rêver Emily, de PJ Harvey à Aldous Harding. C’est enfin, par exemple, de passer le piano si bien élevé d’Emily dans de rugueuses pédales d’effets de guitare rock. Mais il fallait briser des règles, la bienséance : le monde l’exigeait. Il y a donc un côté table-rase dans Icare et Emily Loizeau n’a pas hésité à fracasser la vaisselle, le confort et les habitudes dans ce processus libérateur. Icare est un pur produit de son environnement : le confinement. L’écriture de l’album a été poreuse à ce chaos. Depuis son petit studio, Emily travaille alors virtuellement, par fichiers, avec ses musiciens, Csaba Palotaï, Boris Boublil, Sacha Toorop. Au bout du tunnel, il y a cette joie de finalement, un jour, jouer vraiment ensemble. Puis cette récompense, ultime pour une fan de PJ Harvey : son fidèle collaborateur, John Parish, a accepté de produire ce cinquième album. Il attend la troupe début juillet aux mythiques studio Rockfield du Pays de Galles. Mais des restrictions de déplacement annulent ce rêve. Ce n’est que partie remise : le groupe, car c’en est devenu un, soudé par l’adversité, décide de passer en force les frontières. Ils mettent finalement le pied sans encombre, sans besoin des tonnes de documents amassés, sur le sol britannique. Le premier coup de fil, triomphant, est pour John Parish, qui n’en croit pas ses oreilles. “Tout était si flou et vague en Grande-Bretagne, dit le producteur. Je ne les attendais plus.”